Héritage coloniale et gestion nationale de la cité à partir de l’exemple des villes du Nord de Maroc

Resumo

Bien que bénéfi ciant d’un excellent site géostratégique sur les deux littoraux atlantique et méditerranéen en face de la péninsule ibérique, les villes du Nord du Maroc n’ont pas décollé depuis l’Indépendance du pays en 1912. Pis, elles ont connu depuis le début des années 70 du siècle dernier
de grandes diffi cultés d’administration municipale et d’aménagement urbain: détérioration des infrastructures, manque de services publiques, apoplexie du centre-ville, multiplication des quartiers insalubres ou de bidonvilles en dur, exode rurale massive, révoltes violentes, économie informelle, baisse du niveau des établissements scolaires, faiblesse des manifestations culturelles, etc. Ces diffi cultés sont liées, d’une part, à l’héritage colonial espagnol : en négligeant les petits centres urbains qui reliaient jadis la campagne rifaine aux villes du littoral du nord, le Protectorat colonial a enfermé cette campagne dans la précarité et la misère, et en privilégiant la nouvelle ville au dépend de la médina (ville traditionnelle), il a crée un dualisme urbain qui a asphyxié la médina et provoqué l’enclavement de la nouvelle ville (européenne). D’autre part, en appliquant une politique de centralisation aveugle, en négligeant le développement rural durable de la région du nord (le Rif), le jeune Etat national s’est montré d’abord irresponsable, puis incapable même pour
sauvegarder les acquis urbains fondamentaux laissés par l’administration coloniale (patrimoine urbain, hôpitaux, lycées modernes, théâtres, cinémas, etc.). Aujourd’hui encore le souci sécuritaire  l’emporte sur la gestion effi cace et raisonnée de la cité au Maroc en tant qu’espace urbain intégrateur des différentes couches sociales et producteur de richesses, malgré de réels efforts consentis par le pouvoir central.

Mots-clefs: Colonisation espagnole, Etat national, villes du nord du Maroc (le Rif), héritage historique, urbanisme moderne, aménagement territorial.